KING KONG THEORIE

Par MICHELE BIASETTI, publié le mardi 30 mai 2017 22:14 - Mis à jour le mardi 30 mai 2017 22:14
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Virginie Despentes – adapté au théâtre par Vanessa Larré Théâtre National Populaire

« Je suis ce genre de femme qu'on n'épouse pas, avec qui on ne fait pas d'enfant, je parle de ma place de femme toujours trop tout ce qu'elle est, trop agressive, trop bruyante, trop grosse, trop brutale, trop hirsute, toujours trop virile, me dit-on. Tout ce que j'aime de ma vie, tout ce qui m'a sauvée, je le dois à ma virilité. »

            C'est l'une des premières répliques du spectacle ; écrite en gras sur le flyer informatif de la pièce qu'on nous offre à l'entrée : voilà qui annonce la couleur. Cette adaptation de l'essai du même nom risque de ne pas vous laisser de marbre ; les trois comédiennes qui empruntent la voix, le vécu, les réflexions de Despentes ont des choses à dire et des vérités à vous annoncer. Mais il ne faut surtout pas se méprendre ; si les comédiennes disent tout haut ce que la société aurait tendance à penser tout bas avec un rictus de dégoût, c'est toujours sans colère, hystérie ni besoin d'une revanche quelconque envers un ennemi qui n'existe pas. C'est encore moins une déclaration de haine à l'égard du genre masculin.

         La réalité c'est que ces trois comédiennes, qui ne sont qu'une seule et même entité, sont simplement là pour nous parler de la place des femmes dans ce monde d'homme et plus particulièrement leur place qu'elles ne trouvent pas dans le monde tel qui leur est présenté . Au programme : le viol, la prostitution et la pornographie entre autre, avec un démontage minutieux des discours bien pensant à propos de ces sujet épineux. King Kong théorie se présente comme un manifeste engagé qui repense le féminisme et qui m'a captivé ! La dureté des mots de Despentes, son sarcasme ; tout cela a forcé mon admiration pour cette femme qui semble n'avoir peur de rien, et encore moins des mots. Donner une voix et des corps à ce texte me semble tout à fait important puisque son contenu marque, dérange, questionne, étonne et, parfois, fait rire de gêne ( ou non ) son auditoire. La mise en scène est ingénieuse et pleines d'idées 'ludiques', la musique est douce et agréable !

            Pour finir je citerais Lydie Dattas qui à écrit que « Pour donner à la vie son goût le plus amer, il suffit de la remettre entre les mains des biens-pensants ». Je vous suggérerais donc, en guise de cure, de vous en remettre à cette pièce qui, en une heure et quart, donnera à votre vie un arrière goût nouveau en plus d'un coup de pied bien senti à tous les discours doucereux et sans âme. C'est vision du monde, un choix. Il ne s’agit pas d’opposer les petits avantages des femmes aux petits acquis des hommes, mais bien de tout foutre en l’air.