Les enivrés de Ivan Viripaev
Les lumières s'éteignent. Le rideau s'ouvre. On découvre alors une scène nue, et cette représentation de deux heures commence sur un extrait vidéo noir et blanc qui ponctue le début de chaque scène.
C'est ainsi que nous allons suivre des hommes et des femmes ivres qui ne se connaissent pas toujours et qui se croisent et dont les vies s’entremêlent. Tout ce petit monde va découvrir chacun à son tour des vérités essentielles sur la vie, la mort, l'amour, Dieu et les pseudo-puissants...
Nous allons bien vite le comprendre, ici tout le monde est malheureux. Ici tout le monde pleure, parle fort et les langues se délient, pour révéler ce qui se cache au fin fond de chacun. Ici, l'alcool délie les langues: les hommes s'enorgueillissent de découvrir Dieu et se lancent dans de faux discours mystiques tandis que les femmes, s'esclaffent vulgairement et idiotement, comme pour cacher leurs propres démons. Les comédiens nous offrent, à un rythme effréné, un panel des sentiments qui peuvent nous traverser, lorsque nous sommes rongés par la culpabilité ou par la peur de prendre la mauvaise décision.
L' absurde des situations est irrésistiblement drôle. Le texte cherche la vraie place de l'Homme dans l'univers et toute la question est de savoir qui parle aux hommes à travers notre bouche, lorsque nous sommes ivres ? Cette pièce est une vrai quête de sens et nous plonge dans les croyances et les (in)certitudes des personnages: se saouler à l’occasion d’un mariage, ou pour marquer le premier anniversaire de la mort d’un parent qui ne supportait pas l’alcool...cela a-t-il du sens ? Prendre un bain tout habillé, se marier avec la meilleure amie de son ex-compagne, hurler «La mort n'est pas belle Gülbahar», cela a-t-il du sens ? Avoir un nom pour le jour et un autre pour la nuit et se donner pour quelques roubles, cela a-t-il du sens ?
Finalement je trouve l'ensemble très intéressant et c'est un changement drastique avec le théâtre plus classique que l'on connaît. Le mélange du jeu de scène et de la vidéo est intéressant mais les extraits vidéos laissent comme un goût d’inachevé...Un petit bémol sur le pseudo accent russe que les comédiens prennent tout au long de la pièce qui n'apporte rien (surtout quand il prend des allures marseillaises…)
En conclusion c'est une très belle découverte dans ce petit théâtre indépendant, qui fait passer à ses spectateurs un bon moment en compagnie de «ces enivrés». A consommer sans modération!
Alicia D.
Les enivrés de Ivan Viripaev
Mise en scène :Philippe Clément
Compagnie de l 'Iris
Du 17 janvier au 4 février 2017
Théâtre de l'Iris
331 Rue Francis de Pressensé
69100 VILLEURBANNE