Ubu Roi (ou presque), Alfred Jarry, TNP

Par MICHELE BIASETTI, publié le vendredi 17 novembre 2017 16:50 - Mis à jour le vendredi 24 novembre 2017 15:46

    La première chose qui saute aux yeux en entrant dans la salle est le décor ! Je n’avais encore jamais vu de scène aussi bien travaillée. Hormis le toboggan, le panneau « Nulle part, Plus loin, Ailleurs », les multitudes de débris, les tables renversées et la fenêtre à porter soi-même, il y avait surtout un sol recouvert de terre avec quelques flaques d’eau. Un chaos bien entretenu par les personnages sur scène.

    J’appréhendais un peu cette pièce étant donné que je ne connaissais que très peu l’histoire mais les personnages et leur langage nous ont très vite conquis. Comme tout le monde, sachant qu’il s’agissait d’une pièce du répertoire, je m’attendais à quelque chose de peut-être légèrement ennuyeux car pas du tout actuel.  Et c’est là que la mise en scène entre en jeu. En effet, malgré les costumes d’époque des personnages (la plupart du temps), il y avait beaucoup d’anachronismes pour amener des éléments contemporains et nous prouver que les problèmes d’Ubu Roi sont toujours autant d’actualité. On a pu le voir notamment avec des pancartes portant la tête d’Emmanuel Macron ou lorsque la mère et le père Ubu ont pris la liberté de citer plusieurs noms de politiciens actuels. Tout cela a permis de rajouter du comique, qui était déjà beaucoup présent à notre plus grand plaisir. En plus de ce comique qui a fait rire le public tout au long de la pièce, les scènes chantées ont apportés quelque chose en plus. Personnellement, ce sont été mes passages préférés ! Sachant que je n’étais pas du tout au courant de cela, il faut imaginer la surprise que j’ai eu la première fois qu’ils ont chanté, avec en plus le musicien qui les a accompagnés en live durant toute la pièce.

     En résumé, c’était une pièce très bien construite avec beaucoup d’éléments comiques mais qui délivre quand même une morale sur le fait que la soif de pouvoir et de richesse ravive la nature machiavélique de l’être humain. Une des meilleures mise en scène que j’ai eue l’occasion de voir jusqu’à présent !

 

Estelle Ouraga

 

credit photo: © Michel Cavalca, TNP villeurbanne